A l’heure où triomphent les Trump, Erdogan, Duterte, et bien d’autres leaders qui leur ressemblent, il est grand temps de s’intéresser attentivement à ce livre du psychanalyste et sociologue italien (« un grand livre » selon Zygmunt Bauman), qui voit dans la paranoïa collective une des grandes forces de l’histoire, et notamment de celle du 20ème siècle. Paranoïaques, Hitler ou Staline l’étaient, de toute évidence. Mais la question est de savoir pourquoi ils ont été suivis. Si les cas graves de paranoïa individuelle sont rares, en revanche la paranoïa collective – qui attribue aux actions et aux complots des « autres » tous ligués contre « nous » la responsabilité de tous nos maux – est infiniment plus répandue. Avec, comme résultat, l’agression d’un groupe (les pogroms), l’expulsion collective (l’épuration ethnique) ou l’extermination.
Comment penser ensemble subjectivités individuelles et subjectivités collectives ? Il n’est peut-être pas de question plus urgente aujourd’hui.
Luigi Zoja, sociologue et psychanalyste jungien, vit et travaille à Milan ; il a notamment été président de l’Association Internationale de Psychologie Analytique (IAAP). Dans ses nombreux ouvrages, il analyse les travers collectifs des sociétés contemporaines, en les mettant en perspective dans la longue durée culturelle. Il a publié : Le Père. Le geste d’Hector envers son fils. Histoire culturelle et psychologique de la paternité (coédition Les Belles Lettres / La Compagnie du Livre rouge, 2015). Il a également publié des articles théorico-cliniques dans la revue Cahiers Jungiens de Psychanalyse.
Il est recommandé de s’inscrire car la salle peut recevoir 90 personnes au maximum,
en écrivant à : secretariat@cgjungfrance.com
La présentation sera suivie d’un repas (20 €) pour ceux qui souhaitent prolonger la discussion. S’inscrire en écrivant à : secretariat@cgjungfrance.com (paiement en liquide, par chèque à l’ordre de la SFPA ou par virement : Crédit Coopératif – IBAN : FR76 4255 9100 0008 0037 1310 686)
ic,In collaboration with the Society of Analytical Psychology.
Chair: Martin Schmidt
After experiencing September 11 in New York, I started studying paranoia as a collective phenomenon. Among mental illness, only paranoia can literally make history, as it did through Hitler and Stalin. Paranoia can take hold of events directly because, unlike the rest of psychopathology, it is contagious. Its dynamics can be self-replicating, devouring entire societies. A leader can foster paranoia, but then lose control of the phenomenon. Once infected, the collective madness acquires an autonomous life. Its basic archetypal pattern consists on finding scapegoats and projecting all personal or collective shadow contents on to it. As such it tends to repeat itself in very different epochs and countries.
Masquerading behind false logic, paranoia is fatally attractive, far more seductive than any political, religious, or ideological discourse, and looks for victims. Paranoia relied on “spokesmen” but with modern mass communication and simplification, it can easily be multiplied at low cost, endowing collective aggressiveness with an amplifying self-feeding power.
My talk looks at the use and misuse of paranoia throughout Western history from Ajax to Trump. I reflect upon paranoia through psychopathology, history and literature to better understand its power over the individual and society. Through a combination of circumstances, leaders, history and the power of social media this task is very timely and necessary .
This event will be held in English.
Luigi Zoja interverrà ai “Seminari internazionali” di Psicoterapia e Scienze Umane con una relazione dal titolo “Paranoia e storia: uno sguardo psicologico e culturale ai conflitti dell’Occidente”.
La conferenza percorre la storia della paranoia, ma soprattutto la paranoia nella storia. Le statistiche dicono che, come forma di disturbo mentale, la paranoia ha poca importanza. Altri forme di patologia possono essere ben più presenti, come i disturbi alimentari nella vita di oggi. Solo la paranoia, però, è capace di fare la storia: basta pensare al secolo XX e ad Hitler e Stalin. Essa incide direttamente sugli eventi collettivi perché – di nuovo a differenza delle altre psicopatologie – è psichicamente infettiva: se io sospetto di un altro, i miei comportamenti gradualmente inducono anche l’altro a sospettare di me. Le dinamiche paranoiche si alimentano da sole. Per giunta, la paranoia contagia non solo gli individui ma, con particolare facilità, le masse intere. Essa è dotata di una rigidità e circolarità argomentativa mascherata da falsa logica, che inganna facilmente le menti più semplici: va dritta al suo scopo distruttivo e la sua impazienza seduce l’uomo comune ben più dei veri discorsi politici, religiosi o ideologici. Un tempo, essa si affidava alle “voci”. Oggi possono favorirla le semplificazioni della comunicazione di massa.
La conferenza ricostruirà argomenti paranoici emblematici nella storia, da Caino a Bush junior. Si apre con l’analisi della paranoia di Aiace nel dramma di Sofocle e chiude con la discussione di quella shakespeariana di Otello.